jeudi 6 mai 2010

Gatineau - Un NON presque unanime!



Comme on s'y attendait, les conseillers municipaux de Gatineau ont voté mardi contre la fluoration de l'eau potable de la ville, dans une proportion de 16 contre 2.
Les conseillers ont d'abord pris connaissance d'un rapport incluant une recommandation de la direction de la Santé publique de l'Outaouais, qui appuie cette mesure, ainsi qu'une synthèse de la documentation des différents points de vue sur la question. Cette présentation a été suivie d'un débat assez court.
Pierre Fillion, l'un des conseillers qui était pour la fluoration, a par ailleurs suggéré l'idée d'un référendum sur la question. Le maire, Marc Bureau, affirme que Gatineau ne financera pas une telle idée.
La direction de la Santé publique dit respecter la décision du conseil municipal. Toutefois, l'organisme juge que la fluoration de l'eau demeure une question importante et entend continuer à en faire la promotion auprès du public.
Rien de sûr
Les élus ont rejeté cette proposition, entre autres devant l'absence de consensus dans le milieu scientifique.
Certains conseillers disent aussi avoir senti beaucoup d'opposition chez les citoyens de leur quartier. Le maire croit quant à lui que c'est à Québec de trancher la question.
Pourtant, un sondage commandé en début de semaine dernière par la direction de la Santé publique de l'Outaouais a révélé que 58 % des répondants étaient pour la fluoration. La proportion augmentait à 65 % chez les familles avec des enfants. Selon le sondage, seulement un Gatinois sur quatre s'opposerait à l'ajout de fluor dans l'eau municipale. Le sondage a été mené par téléphone le 19 et le 20 avril 2010 auprès de 400 résidents de 18 ans et plus. La marge d'erreur est de plus ou moins 4,9 %, soit 19 fois sur 20.
Si Gatineau avait accepté de fluorer son eau potable, tous les coûts de l'opération auraient été défrayés par le gouvernement du Québec.
Ailleurs au Québec
À Saguenay, en janvier dernier, le maire Jean Tremblay a annoncé son intention d'ajouter du fluor dans l'eau potable de la ville. Devant une opposition bien orchestrée, il a été obligé de reculer. Le maire a plutôt promis une consultation publique à ce sujet, à une date encore indéterminée.
À Trois Rivières, le fluor était ajouté à l'eau depuis les années 1960. Pendant les rénovations de l'usine de filtration, on a cependant suspendu la mesure. Les élus n'ont pas décidé si la fluoration reprendrait une fois les travaux terminés.
Quant à Québec, qui a fluoré son eau potable pendant 35 ans, elle a dû mettre un terme à l'opération lors de la fusion municipale de 2002, face à l'opposition des banlieues.
Chez nos voisins ontariens, 70 % de la population a accès à de l'eau fluorée.
Un débat difficile à trancher
Les spécialistes ne s'entendent pas sur l'innocuité pour la santé de l'addition de fluor à l'eau potable.
D'un côté, les partisans de la fluoration de l'eau pensent que la baisse importante de caries observées chez les citoyens buvant de l'eau fluorée est une mesure de santé publique essentielle. (Cet argument est contredit par les données de Statistique Canada, voir ce graphique)
Ils affirment que les fluorures sont des minéraux que l'on retrouve couramment dans la nature et que l'eau que l'on retrouve à l'état naturel contient parfois des niveaux beaucoup plus élevés de fluor que celui réclamé pour prévenir la carie dentaire. (Ces arguments sont largement contredits dans cette analyse)
Les adeptes de l'eau fluorée se basent également sur de nombreuses études qui ont démontré la bénignité de la fluoration de l'eau sur la santé et sur l'environnement. (Ces arguments sont largement contredits sur le site d'Action Fluor Québec)
Les opposants à l'eau potable fluorée s'appuient eux aussi sur un large éventail de publications scientifiques dans lesquelles on a trouvé un lien statistiquement significatif entre le fluorure et toute une série d'effets néfastes pour la santé : augmentation du risque de fracture osseuse, réduction de la fonction thyroïdienne, réduction du quotient intellectuel, condition apparentée à l'arthrite, cancer des os et fluorose dentaire, une décoloration ou marbrure de l'émail des dents.
Ces spécialistes croient qu'il n'est pas nécessaire d'exposer l'organisme entier au fluor et à tous les risques qui sont associés à son ingestion, puisque cette substance agit uniquement lorsqu'elle est appliquée à l'extérieur de la dent, et non pas à partir de l'intérieur du corps. Ils soulignent que les dentifrices fluorés sont facilement accessibles.


source: http://www.radio-canada.ca/regions/ottawa/2010/05/04/002-fluoration-gatineau-mardi.shtml