La population a exercé son choix démocratique dimanche passé au sujet de la construction d’une nouvelle salle de spectacle. Cependant, cette consultation n'avait pas grand chose à voir avec la démocratie.
Durant les semaines précédentes, le maire n’a cessé de se défendre contre l’étiquette de «dictateur» qui lui colle à la peau, parce que sa campagne de propagande, à même les fonds publics, était digne d’un régime totalitaire. Voyons ce qui en est...
Qui a payé toute cette publicité qui fait l'éloge de la rénovation de l’auditorium Dufour? Réponse: nous les citoyens.
Le maire a mentionné qu’il disposait d'un budget de 25 000$ pour la publicité, tout en spécifiant que celui-ci allait être dépassé, et que cette opération médiatique n’allait pas favoriser le choix de la rénovation de l’auditorium Dufour. Cependant, cette publicité n'était pas impartiale, elle était même «mensongère».
Les citoyens ont reçu un dépliant vantant les mérites de la rénovation de l'auditorium Dufour, envoyé par le Cégep de Chicoutimi (payé par qui?). Ce papier est un condensé de termes vagues et trompeurs comme: «une nouvelle salle digne de ce nom», «une refonte complète du bâtiment» ou même «une salle sans compromis sur la qualité sonore». Des affirmations indéfendables, ou même vide de sens, nous en conviendrons aisément. Mais surtout, nous avons vu des annonces à la radio et à la télé, payées par la ville (à gros budget), qui allaient jusqu’à comparer le projet de rénovation à une salle de Las Vegas :
«La rénovation de l'auditorium, c'est plus que de la peinture, je vais être aussi bien assis qu'à Las Vegas! Pourquoi payer 30 millions de plus, en plus que la nouvelle salle prendra 7 ans à construire! Le 6 juin, votez pour l'auditorium Dufour!»
À la teneur de ce que nous avons vu dans les médias, il semble qu’aucune publicité impartiale n’a été produite à partir de ce 25 000$ de fonds publics.
À la teneur de ce que nous avons vu dans les médias, il semble qu’aucune publicité impartiale n’a été produite à partir de ce 25 000$ de fonds publics.
Quand j’ai vu la question qui était posée je me suis tout de suite dit : «Mais pourquoi parle-t-on d’argent ici?». C’est un peu comme si on vous disait : «voulez-vous rénover le pont actuel pour 10 millions, ou en voulez-vous un nouveau pour 40 millions?». La réponse ici irait de soi. Mais le problème c’est qu’une salle de spectacle, ce n’est pas qu’un projet de béton et d’acier. C’est toute la vie culturelle de la région qui en dépend. Pour une ville qui a obtenu le titre de «capitale culturelle du Canada», il est difficile de comprendre pourquoi l’administration fait tout pour empêcher la construction d’une salle de spectacle. Et n’oublions pas que cette guerre de chiffre est très complexe, qu’il faut se référer à des ingénieurs qui ne sont même pas d’accord entre eux. Aussi, pour quelle proportion le gouvernement contribue-t-il à ce montant? Tous ces chiffres sont pour le moins peu fiables.
Le but ici n’est certes pas de refaire le débat sur cette salle, qui semblait perdu d’avance dès que le maire a décidé qu’il agirait contre. Mais nous devons retenir la manière dont Jean Tremblay a dirigé cette consultation publique: en faisant preuve d'une partisannerie odieuse.
Autoriser une médication forcée de la population grâce à la propagande
Alors voici que le même scénario pourrait se reproduire lorsque la ville sollicitera une consultation publique sur la fluoration.
On nous a annoncé que l’Agence régionale de la santé ferait une opération d’information (de propagande), à même les fonds publics encore, pour nous convaincre que la fluoration est une bonne chose (même si tous leurs arguments sont déjà démentis ici). Nous nous attendons à voir ce déploiement médiatique vers l’automne, ou avant la fin de l’année. Ensuite, il devrait y avoir une consultation populaire à ce sujet.
Rappelons-le: suite à une réunion avec l'Agence régionale de la santé, le maire a décrété que la fluoration est bonne pour tous (admirons ici la rigueur scientifique d'une telle prise de position). C'est étonnant parce que nous savons que l'argumentation contre la fluoration est sans faille. Il suffit de penser que l'action du fluor est topique (il agit par contact direct, comme dans le dentifrice), pour en déduire qu'il est inutile de l'ingérer. Ainsi il est très difficile de comprendre pourquoi on cherche à fluorer l'eau potable. Mais vu le manque d'écoute obstiné du pouvoir en place, et si on observe le déroulement de la consultation de dimanche dernier, il faut peut-être s’attendre encore à une énorme démonstration de mauvaise foi de la part de l’administration municipale.
N'y a-t-il pas d'instance de surveillance gouvernementale pour s'assurer que les consultations publiques sont faites dans le respect de la démocratie? Devrions-nous organiser un recours judiciaire collectif contre ces dérapages politiques du maire et de ses conseillers?
N'y a-t-il pas d'instance de surveillance gouvernementale pour s'assurer que les consultations publiques sont faites dans le respect de la démocratie? Devrions-nous organiser un recours judiciaire collectif contre ces dérapages politiques du maire et de ses conseillers?
Blague à part, j’aurais une suggestion pour la question de cette consultation populaire sur la fluoration : « Voulez-vous fluorer l'eau de la ville pour 2.1 millions de dollars, ou ne pas la fluorer et que ça ne coûte rien?»... Il y a mieux: nous devrions plutôt oublier ce projet insensé avant même d'investir le moindre sous dans une consultation publique aux allures de mascarade.